Depuis la pandémie et les différentes mesures prises par les gouvernements, je n’ai jamais entendu autant d’informations contradictoires circuler autour d’un même phénomène. En tant que médiatrice, je suis habitué à saisir les différentes teintes de gris à travers le blanc et le noir. Toutefois, pour y arriver j’ai besoin d’informations diversifiées et d’ouverture de part et d’autre. Voilà une métaphore pour illustrer mon point de vue.
Le messager, l’aventurier et le dragon
Il y a 500 ans, un messager passait tous les mois dans un village reculé de la civilisation. Il apportait des nouvelles, souvent mauvaises, tout en donnant certains conseils de prudence. Le messager mettait les habitants en garde contre le monde extérieur, soumis à la famine, engagé dans des guerres meurtrières et qui devait même combattre des dragons et d’autres bêtes féroces. Et, surtout, il leur disait de rester dans leur beau petit village fleuri.
Mais, un jour, un jeune étourdi et aventureux quitta le village. Pendant trois ans, ni sa famille ni le village n’eurent de ses nouvelles, ce qui confirmait les dangers extérieurs, car il était probablement mort sous les dents d’un loup-garou.
Toutefois, un jour, il réapparut pour partager ses découvertes avec son peuple. Il lui expliqua que tous ces problèmes existaient, mais qu’il y avait aussi des pays en paix, de merveilleux paysages, de la nourriture différente et délicieuse, des cultures, des instruments de musique inconnus, etc. Il n’a par ailleurs jamais vu de dragon ou de loup-garou.
Parmi les villageois, les réactions furent différentes : certains le traitèrent de menteur, d’autres hésitaient, sa famille et ses amis le soutenaient. Le messager qui passait par là accusa l’autre d’avoir la berlue et aucune preuve pour soutenir sa parole, alors que lui avait un collier avec une dent de dragon! L’aventurier clama qu’il ne pouvait apporter des preuves sur une aussi longue route. Et puis, il ne pouvait démontrer ce que ses yeux avaient vu. Des clans se formèrent, les insultes fusèrent et le conflit s’installa. De la foule, le sage du village se détacha, et voici ces paroles :
- Peut-être que le messager et l’aventurier ont raison et tort en partie.
- Chacun voit le monde de manière différente, et le monde se présente aussi à lui sous différentes formes.
- Avant l’arrivée du messager, nous n’avions qu’une vision du monde et qu’une seule source d’information; nous avons fait confiance au messager, peut-être à tort, peut-être à raison.
- Mais, aujourd’hui, un aventurier nous dit autre chose, nous avons au moins le devoir de l’écouter et de faire preuve d’ouverture, ce qui ne veut pas dire le croire sans aucun doute.
Je propose donc l’envoi d’un groupe de sept personnes qui iront voir le monde pour revenir nous en parler. Je propose de diversifier les visions du monde et les réalités qui nous seront rapportées. Après, chacun pourra décider de rester ou de quitter notre merveilleux village.
Le chef se fâcha, car il ne voulait pas perdre son peuple, les aînés pleurèrent, car ils avaient besoin des jeunes pour leur subsistance, mais plusieurs jeunes s’excitèrent à cette idée. Alors à la cachette, un petit groupe quitta le village à la quête d’un précieux trésor : des informations diversifiées.