LE DÉSIR DE S’ENTENDRE ET DE SE BATTRE
Dans toute situation conflictuelle, les personnes éprouvent tantôt le désir de s’entendre, puis celui de se battre. Je vous propose la lecture de cette fable ou sagesse amérindienne qui illustre bien ce combat :
C’est l’histoire d’un petit garçon qui accourt vers son grand-père – un homme plein de sérénité et de sagesse, à ses yeux – pour lui expliquer sa frustration et son malheur.
Dévoré par la colère et porté par l’intensité de ses émotions, le jeune garçon raconte à son grand-père l’injustice dont il a été victime. Ce dernier le surprend en lui disant :
« Il m’arrive à moi aussi d’être submergé par le chagrin, la colère et de ressentir de la haine contre ceux qui se conduisent mal et qui n’éprouvent aucun regret ! »
À cet instant, le jeune garçon reste bouche bée, étonné d’apprendre que son grand-père lui-même puisse éprouver de telles émotions. Aussi l’écoute-t-il avec attention :
« Sache toutefois, mon petit, que la haine t’épuise et ne blesse pas ton ennemi. C’est comme si tu avalais du poison en espérant que ce soit l’autre qui en meure. J’ai souvent combattu ces sentiments à l’intérieur de moi. Comme chaque être humain, j’ai aussi deux loups qui hurlent en moi. Le premier est rempli de colère, de peur, d’avidité, de rancune et de vengeance. Le second l’est d’amour, de confiance, de sagesse, de compréhension et de compassion. Il est parfois si difficile de vivre avec ces deux loups présents dans ma conscience, car ils se livrent un combat sans merci pour savoir lequel réussira à dominer mon esprit ! »
Inquiet et fasciné, le jeune garçon demande : « Oui, mais grand-papa, lequel de tes deux loups va gagner ? »
Le grand-père sourit et répond doucement : « Celui que je choisis de nourrir, mon chéri. »
Lorsque j’ai lu cette fable, je suis tombée sous le charme. Puis après analyse, j’ai constaté qu’il manquait certaines précisions que le grand-père aurait probablement apportées s’il avait continué sa leçon. En résolution de conflit interne ou relationnel, je dois certainement nourrir le bon loup, mais en même temps je dois m’occuper du loup enragé. En fait, il est important d’entendre les hurlements de cette partie de soi ou de l’autre qui est en face de nous. Je dirais même de l’écouter avec compréhension et sagesse. Car cette partie de l’humain en colère est également en souffrance et ne pas l’écouter revient à la nourrir. Nier ou refouler la colère, ne peut que l’augmenter ou en retarder l’éclatement. Quand le bon loup gagne, c’est qu’il a accueilli avec compassion la colère, la peur et la rancune. C’est la plus grande et la plus durable des médiations.