Cette semaine, je me suis rendue chez ma dentiste pour un nettoyage de routine et ma vie était relativement satisfaisante, jusqu’à ce que la dentiste m’annonce une nouvelle que j’ai considérée mauvaise. Aujourd’hui, quand j’y repense, c’était plutôt insignifiant. Ce qui m’a plutôt étonnée, c’est la colère intérieure qui a grondé et qui a fini par exploser devant la dentiste. Je n’arrêtais pas de lui dire : « Ce n’est pas de votre faute, c’est moi, c’est ma dernière année. » En réalité, je me suis retrouvée comme une poupée de chiffon secouée par la frustration. Cette nouvelle avait ravivé des souvenirs négatifs sans lien apparent entre eux ni avec la dentiste, d’ailleurs. Pour mieux me comprendre et éventuellement comprendre mes clients pris par des colères inexplicables, j’ai creusé la question.

 

Tout part du cerveau et de son système de stockage des souvenirs. Ceux-ci peuvent être explicites et conscients, mais la plupart sont implicites et inconscients et ces souvenirs modèlent le paysage intérieur de notre esprit, notre « nous ». Au fil du temps, les souvenirs s’accumulent et ils finissent par nous envahir et nous gérer, beaucoup plus qu’on ne peut le croire. Par ailleurs, le cerveau a la fâcheuse tendance de scanner, d’enregistrer et de stocker les expériences désagréables et négatives. Il agit comme du velcro sur celles-ci et comme du téflon sur les expériences positives. Cela nous a permis d’évoluer pendant plus de deux millions d’années et d’être vivants encore aujourd’hui. Ce système mis en place pour la survie fait en sorte que même s’il y a plus d’éléments positifs que négatifs, la pile de souvenirs désagréables grossit immanquablement plus rapidement.

 

Vous me demanderez quel est le lien avec la dentiste. En fait, cette nouvelle avait une connexion avec d’anciens souvenirs de l’enfance et de l’âge adulte, parties de ma vie durant lesquelles je me suis senti une victime impuissante et malheureuse. Au moment de ma visite, je vivais de l’anxiété vis-à-vis certains choix professionnels. Ce terrain propice a ravivé de vieilles blessures que je croyais guéries… Eh non! Comment s’en sortir? Sommes-nous à jamais menés par les aspects négatifs et inévitables qui surviendront dans notre vie? Oui, si on ne fait rien et non, puisque notre cerveau a la capacité d’apprentissage et de se modifier. C’est ce que l’on nomme la neuroplasticité. Tout est une question de conscience de soi et de volonté.

 

Voici quelques idées pour inverser la vapeur :

– Chercher les éléments positifs et les intérioriser;

– Savourer l’expérience positive s’y arrêter et en parler;

– Se focaliser sur les émotions et les sensations corporelles positives et laisser son corps s’emplir de celles-ci;

– Lorsqu’un souvenir douloureux ressurgit s’en imprégner et y préférer des opinions et des sentiments positifs et, avec le temps, le souvenirs changera littéralement (par exemple un enfant qui aurait souffert de solitude pourrait se demander comment cela lui a permis de développer son autonomie en tant qu’adulte).

 

S’imprégner de bons sentiments procure de nombreux avantages : une meilleure santé, moins de stress, une amélioration de l’humeur, plus d’optimisme, de résilience et d’ingéniosité. Absorber le positif oriente également la personne vers plus de bienveillance et de paix intérieure, ce qui lui permet de vivre mieux, mais aussi d’influencer et d’inspirer les autres pour le bien de tous.

 

J’ai téléphoné à ma dentiste pour m’excuser, une fois de plus, de mes réactions. Avec cette meilleure compréhension de mes sentiments, je peux me regarder avec plus de bienveillance et sans me condamner. Je sais qu’en lisant ces idées, vous vous direz, possiblement, que c’est le travail d’une vie.  Vrai, mais la vie commence aussi par l’union de deux petites cellules reproductrices, par un premier battement de cœur, un premier regard et un tout petit pas, parfois chancelant, mais déterminé.

 

Pour en savoir plus : « Le cerveau de Boudha » Rick Hanson, 2009