C’est injuste
« Je pensais qu’il y aurait de la justice en droit du travail », se plaignait un gestionnaire après avoir perdu un grief qui lui semblait totalement farfelu. Généralement, lorsqu’une personne gagne un procès, elle croit en la justice; si elle perd le mois d’après, elle n’y croit plus. Pourquoi?
C’est qu’il y a méprise. Le droit, c’est un ensemble de textes de loi et de règlements qui représente l’état du droit à un moment donné. Un article de loi n’est pas fixe, il évolue, se modifie et peut même être abrogé. Curieusement, la loi, c’est la loi, même si elle est injuste. Le droit est sujet à interprétation, parfois il stagne; il arrive même au juge de rendre une décision qu’il trouve injuste. Il n’a pas le choix, car il est lié par le droit.
La justice, quant à elle, pourrait être décrite comme une vertue, un idéal ou un principe moral. Dans un état démocratique, on souhaite que le droit atteigne cet idéal de justice absolue, incontestable. Mais c’est impossible. Le juge tranche, décide au mieux de son appréciation des témoignages. Il peut se tromper et ses propres valeurs peuvent interférer. Un brillant avocat m’a déjà confié : « Le jour où j’ai perdu la cause que j’étais certain de gagner, j’ai compris quelque chose d’important. »
La médiation : vers une justice plus satisfaisante
Lorsqu’il y a un conflit, les parties soupèsent, analysent le droit, les risques et la jurisprudence et, si chacune croit qu’elle a raison, elle n’hésitera pas à se lancer dans la bataille juridique. Toutefois, les parties peuvent d’abord choisir la voie de la médiation.
Le médiateur les amènera à s’intéresser à d’autres paramètres, notamment les émotions, les intérêts et les besoins de chacun. Il fera travailler les parties sur toutes les options possibles, quitte à sortir des sentiers battus, afin qu’elles s’entendent sur des solutions qui leur conviennent à toutes deux. Cette justice négociée, à l’ombre du droit, procure un résultat beaucoup plus satisfaisant. Il est vrai que certaines personnes ne sont pas prêtes à négocier et que certains sujets ne sont pas négociables; quand c’est le cas, les tribunaux sont là pour trancher.
Les bénéfices
Quand chacun se retire d’un différend avec un sentiment de justice, autrement dit dans une dynamique « gagnant-gagnant », tous y gagnent. On peut alors envisager des relations futures qui seront respectueuses, surtout en relation de travail, dans les contrats commerciaux et au sein des familles. La médiation coûte moins cher que les batailles juridiques, car les deux parties assument les honoraires du médiateur. Elle est rapide et moins stressante pour ces dernières, tout en leur permettant de garder le contrôle sur l’issue du conflit. Le processus est souple; si elles le souhaitent, les parties peuvent être accompagnées par leur avocat.
Vous pouvez réclamer la justice et vous y avez droit. Quelle démarche vous laissera avec un sentiment de justice, cela est une autre question. Merci de nous faire parvenir vos commentaires ou réflexions.