Lors d’un achat dans une boutique de matériel électronique, je constate que le gérant cherche un représentant. Ses employés sont payés au salaire minimum, mais ils reçoivent des commissions en fonction des chiffres de leurs ventes. Il offre également des emplois aux étudiants. Aussitôt arrivée à la maison, je conseille fortement à mon fils de changer d’emploi. David est caissier dans une épicerie depuis dix mois et il est payé au salaire minimum. J’y vois des gains et l’apprentissage de nouvelles habiletés susceptibles de garantir son avenir. Il faut dire que mon fils est un humaniste qui ne sais pas quelle profession choisir. Je lui explique et j’insiste. Le visage défait, il finit par me dire : « Mais maman, j’aime mon travail ».

 

Peu de temps après cet épisode, on m’offre un emploi prestigieux pour un contrat de cinq ans renouvelable et un revenu dans les six chiffres. Je suis bouleversée. Je suis travailleuse autonome depuis 19 ans. Vais-je accepter l’offre? Miser sur la sécurité et finir tranquillement ma carrière? Je demande conseil à mon entourage et je reçois une multitude de jugements sur moi, mon cheminement et mon âge, des projections de peur et la suggestion d’accepter l’emploi.

 

Alors que j’assistais à une journée de développement personnel et que nous étions trois étrangères à collaborer, j’ai vu l’une de mes coéquipières conseiller l’autre. Je regardais, fascinée, le jeu qui se déroulait devant moi. À un certain moment, cette dame m’a même demandé de conseiller cette personne, puisqu’elle voulait vraiment l’aider.

 

Les conseils sont la manifestation d’une certaine violence

 

Marshall B. Rosenberg, père de la communication non violente, prétend que les conseils, même gentils, sont la manifestation d’une certaine violence à l’égard de l’autre.  En fait, les conseils moralisent, déresponsabilisent, résultent en des solutions inadéquates, font sentir la personne incompétente et, en réalité, ils l’empêchent de se centrer sur son ressenti, de réfléchir et d’être créative. Cela n’a rien à voir avec l’intention, parfois bienveillante, du donneur. Que faire, si on vous demande des conseils ou que vous souhaitez conseiller une personne?

 

  • Demandez à la personne ce qu’elle attend de vous.
  • Si vous souhaitez donner un conseil, demandez-lui la permission.
  • Posez des questions à la personne et recentrez-la sur elle-même.
  • Cherchez avec elle à nommer ses besoins et ses intérêts.
  • Soyez empathique, c’est-à-dire tentez de vous mettre à sa place.
  • Ne ramenez pas la situation à vous-même.
  • Respectez profondément les différences entre vous et l’autre.
  • Faites une séance de remue-méninges pour trouver des solutions.

 

Ce sont quelques idées, vous pouvez m’écrire les vôtres également. Mon fils a toujours le même emploi, je le vois apprendre sur les relations de travail et grandir en maturité. Je suis fière de lui et j’ai confiance qu’il saura trouver sa voie. Pour mon emploi potentiel, le meilleur conseil reçu était le suivant : « Médite pendant trois jours avant de prendre une décision. Tu es la seule personne à savoir pour toi ».  J’ai refusé l’emploi. L’oiseau libre que je suis ne voulait pas d’une cage, même dorée.