Juste après avoir terminé ma conférence TEDx Québec sur la justice participative, je me suis faite accoster par un auditeur qui m’a affirmé être content de connaître une avocate qui avait du cœur! À la fois heureuse et choquée, et ne sachant trop quoi dire, je l’ai simplement remercié.
Choquée, parce que depuis 30 ans, j’ai rencontré beaucoup d’avocats en pratique privée intègres et généreux. Cependant, selon un songer Léger (2015), seulement 39 % de la population fait confiance aux avocats. On dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu, et je veux bien le croire. J’ai aussi rencontré des avocats qui m’ont avoué avoir honte de leur profession en voyant les attitudes difficiles de certains de leurs collègues.
Les négociations entre avocats
Si un avocat souhaite se mettre en mode recherche de solutions et que de l’autre côté il n’y a que des attaques, c’est impossible. Pour danser, il faut être deux. Par conséquent, il y a un soulagement lorsque la partie adverse est représentée par un avocat « parlable ». En janvier 2016, des modifications ont été apportées au code de procédure civile qui exige de considérer les modes privés de règlement des différends avant d’instituer des procédures. J’ose espérer que ces modifications inciteront ces avocats non collaborateurs à changer. Avec l’intervention des juges, c’est possible!
Par ailleurs, et comme tout professionnel, l’avocat a un objectif de rentabilité. Il vend du temps utilisé à mettre à profit ses connaissances et son expertise, ce qui est tellement intangible! Et puis, un client peut croire que son avocat a intérêt à faire traîner le dossier. Pourtant, plusieurs avocats m’ont dit qu’ils devaient couper leur compte d’honoraires parce qu’ils ne pouvaient pas tout charger. Évidemment, je n’ai jamais entendu des collègues se vanter d’exagérer leur temps facturable, mais j’imagine qu’ils existent.
Divorcer, se disputer pour une succession, avec un voisin ou se défendre lors d’un congédiement injustifié, toutes ces situations sont dramatiques et stressantes. Malheureusement, l’avocat n’a aucune formation pour faire face à la détresse humaine. Pire encore, il lui arrive aussi d’être fatigué, épuisé et même blasé de se battre pour et contre les autres. Plusieurs soldats finissent par quitter le champ de bataille, car ils oublient de prendre soin d’eux.
Comment être perçu comme un avocat au grand coeur?
Mais comment être alors perçu comme un « avocat au grand cœur »? Je crois qu’il s’agit de tisser une relation de confiance, de bien expliquer les éléments du dossier et d’écouter son client avec respect et empathie. L’avocat doit l’informer régulièrement des frais et des honoraires. Et, par-dessus tout, il devrait tenter de régler le différend le plus rapidement possible. Il pourrait aussi s’outiller pour composer avec les émotions fortes. Ce genre de pratique privée demande du courage, de la patience et de la bienveillance pour soi et ses clients. Chers consœurs et confrères, vous avez tout mon respect, car je sais que vous êtes nombreux à avoir le cœur sur la main. Ne lâchez surtout pas, car nous avons besoin de vous pour redorer le blason de notre profession.